Déclaration des crypto-monnaies aux impôts : obligations et démarches

Un virement de cryptomonnaie d’un portefeuille à l’autre, quand il s’agit du même propriétaire, ne suscite aucun impôt. Mais dès qu’on transforme ses tokens en euros ou qu’on opte pour un stablecoin, la fiscalité se réveille. De nombreuses plateformes étrangères, pourtant plébiscitées par les investisseurs français, gardent le silence auprès du fisc hexagonal. Résultat : celui qui oublie, volontairement ou non, de déclarer, risque des sanctions salées. L’échange d’une crypto contre une autre reste, en principe, en dehors du radar fiscal, sauf lorsqu’il s’agit de régler un achat. Quant aux comptes ouverts chez des opérateurs non basés en France, ils doivent être signalés, sous peine de pénalités pour chaque compte passé sous silence.

Comprendre les obligations fiscales liées aux crypto-monnaies en 2025

Depuis la loi de finances pour 2019, la fiscalité des actifs numériques s’est nettement renforcée. Tout particulier domicilié en France se retrouve tenu de déclarer l’intégralité de ses plus-values lors de la cession de cryptomonnaies, dès qu’il procède à une conversion en euros ou qu’il achète des biens ou services avec ses jetons. Les échanges de crypto à crypto ne sont pas pris en compte, mais la moindre opération avec de la monnaie classique entraîne une imposition immédiate. Pour 2025, les règles se durcissent encore : la loi de finances pour 2025 prévoit des sanctions alourdies en cas d’omission, même involontaire, de déclaration.

Le fisc distingue deux catégories d’utilisateurs : particuliers et professionnels. Dans le premier cas, c’est le Prélèvement Forfaitaire Unique (PFU) à 30 % qui s’applique, avec la possibilité d’opter pour le barème progressif de l’impôt sur le revenu. Toutefois, si l’ensemble des cessions sur l’année reste sous 305 euros, aucune taxation ne s’applique. Les professionnels, eux, relèvent du régime des Bénéfices Non Commerciaux (BNC) depuis 2023. Cela concerne notamment les opérations de minage ou de staking, où les revenus doivent être déclarés comme tels.

L’environnement européen évolue vite. Avec la directive MiCA, le secteur se structure. Bientôt, la future directive DAC 8 imposera aux plateformes d’échange (PSAN) d’envoyer automatiquement les informations fiscales, peu importe leur pays d’implantation. La France, pour sa part, impose déjà la déclaration de tout compte ouvert à l’étranger via le formulaire Cerfa 3916-bis. Négliger cette étape peut coûter très cher : jusqu’à 1 500 euros d’amende par compte non signalé, sans compter des pénalités supplémentaires en cas de récidive.

Comment calculer précisément ses plus ou moins-values sur les cessions d’actifs numériques ?

Déterminer sa plus-value en cas de vente de cryptomonnaie n’a rien d’évident. Depuis janvier 2019, le fisc impose une méthode précise, bien plus complexe qu’une simple soustraction entre le prix d’achat et le prix de vente. Ce calcul proportionnel tient compte de la place de chaque actif dans la valeur totale de votre portefeuille au moment de chaque cession.

Voici les éléments que vous devrez prendre en compte pour établir ce calcul :

  • Prix de cession : c’est la somme obtenue lors de la vente ou de la conversion en monnaie classique (euro, dollar, etc.).
  • Prix total d’acquisition : il s’agit de la totalité du montant investi dans tous vos actifs numériques jusqu’au moment de la cession.
  • Valeur globale du portefeuille : c’est la valeur totale de l’ensemble de vos crypto-actifs juste avant la cession.

La formule officielle pour chaque opération est la suivante :

Plus-value = Prix de cession, [Prix total d’acquisition × (Prix de cession / Valeur globale du portefeuille avant la cession)]

Tant que vous vous limitez à un échange entre crypto-actifs, l’impôt ne s’applique pas. Seule la conversion en monnaie classique ou le paiement de biens/services déclenche la taxation. En restant sous le seuil de 305 euros de cessions annuelles, les gains échappent au fisc.

Pour tenir la distance et éviter tout faux pas, il est vivement recommandé de garder un relevé précis de chaque opération. Que vous utilisiez un tableur, un logiciel spécialisé ou les relevés fournis par les plateformes (PSAN), la rigueur s’impose. L’administration fiscale n’accorde aucune marge d’erreur sur ce terrain.

Portefeuille avec billets euros et cryptomonnaies sur table

Remplir sa déclaration d’impôt : étapes clés et conseils pour éviter les erreurs

La déclaration débute avec le formulaire Cerfa 2086, à remplir pour chaque opération imposable réalisée durant l’année. Ce document récapitule les plus-values obtenues lors de ventes ou d’achats en crypto-monnaies utilisés pour régler des biens ou services. Les échanges entre crypto-actifs, eux, n’ont pas à être reportés.

Lorsque vous détenez un compte sur une plateforme étrangère (Binance, Kraken, Coinbase, Bybit…), signalez-le via le formulaire Cerfa 3916/3916-bis. Les informations à fournir ? Le nom de la plateforme, le pays, la date d’ouverture et, si c’est le cas, la date de clôture. Les wallets non-custodials comme Ledger ou MetaMask ne sont pas concernés par cette obligation.

Pour limiter les erreurs et gagner du temps, il existe des outils spécialisés (Waltio, exports des plateformes…) capables de centraliser toutes vos transactions et même de générer automatiquement le Cerfa 2086. Ces solutions s’avèrent précieuses lorsque les opérations se multiplient.

Ne perdez jamais de vue le calendrier fiscal. Chaque année, une date limite de déclaration est fixée. Un compte étranger non déclaré entraîne une pénalité de 1 500 euros par compte, et l’oubli d’une transaction peut coûter 250 euros si la valeur totale dépasse 50 000 euros. Avec l’arrivée de la directive DAC 8 et la transmission automatique des données prévue à partir de 2027, la vigilance devient impérative. Bercy ne laisse désormais plus rien passer.

Le monde des crypto-actifs n’a jamais été aussi surveillé. S’y aventurer sans préparation, c’est risquer de s’y brûler les ailes. Mais en maîtrisant les règles du jeu, chacun peut avancer sur ce terrain mouvant en toute lucidité.