2,9 %. C’est le chiffre qui résume, à lui seul, la nervosité qui règne sur les marchés. Les toutes dernières projections du FMI pour 2025 misent sur un coup de frein de la croissance mondiale, alors même que l’inflation commence à refluer. Pourtant, derrière ces moyennes, les écarts se creusent : des économies émergentes qui avancent à vive allure, des pays développés en demi-teinte, et un fossé social et financier qui ne cesse de s’élargir.
Les choix de politiques monétaires strictes se multiplient, tandis que les tensions géopolitiques restent persistantes. Résultat : la volatilité gagne du terrain. Plusieurs grandes puissances battent des records d’endettement public, rendant l’avenir plus incertain encore. Les données avancées indiquent que le commerce international peine à retrouver de la solidité, laissant planer un doute sur la suite.
Où en est l’économie mondiale en 2024 ? Chiffres clés et tendances majeures
Le FMI vient de publier ses chiffres : la croissance mondiale devrait atteindre 3,2 % cette année. C’est stable comparé à l’an passé, mais loin des performances des vingt dernières années. La zone euro, elle, reste à la peine, sous la barre des 1 %. À l’inverse, l’économie américaine tient bon, portée par la consommation, une politique budgétaire encore souple et un marché du travail dynamique.
Le fossé se creuse entre les pays développés et les économies émergentes. En Asie, certains pays dépassent les 5 % de croissance, alors que l’Afrique subsaharienne et de nombreux pays à faible revenu progressent lentement, freinés par des difficultés d’accès au crédit et une inflation qui s’accroche.
Sur le front des prix, la flambée de 2022 s’éloigne peu à peu. L’inflation mondiale recule, estimée à 5,8 % pour 2024, grâce à la baisse des prix de l’énergie et à une normalisation progressive des chaînes logistiques. Pourtant, la Fed et la BCE persistent à maintenir des taux d’intérêt élevés, ce qui ralentit la demande et freine l’investissement.
Voici les principaux chiffres à retenir pour 2024 :
- Croissance mondiale : 3,2 % (FMI, 2024)
- Inflation mondiale : 5,8 %
- Zone euro : croissance sous les 1 %
- Économies émergentes d’Asie : plus de 5 %
Les perspectives restent fragiles. Les projections du FMI tiennent déjà compte de nombreux aléas : la géopolitique instable, l’incertitude autour des prix alimentaires, et la vulnérabilité persistante des pays en développement, qui peinent à progresser vers les objectifs de développement durable.
Politiques publiques : leviers d’action ou sources d’incertitude pour 2025 ?
En 2025, les politiques publiques seront scrutées de près. Gouvernements et institutions naviguent à vue, coincés entre la nécessité de soutenir l’économie et la pression pour restaurer l’équilibre budgétaire. L’héritage des mesures anti-Covid continue de peser lourd, alors que les banques centrales réclament plus de discipline.
L’Europe en donne un exemple frappant. Le débat sur la réforme du pacte de stabilité fait rage, pendant que la croissance stagne. De l’autre côté de l’Atlantique, le budget s’invite dans la campagne présidentielle, sur fond de menaces autour des droits de douane et d’incertitude politique : un cocktail qui rend les marchés nerveux et pousse les entreprises à la prudence.
Les tensions internationales bouleversent la donne. Les relocalisations d’activités stratégiques se multiplient, conséquence directe de la guerre commerciale et des soubresauts post-pandémie. Sur le marché du travail, l’Europe manque de profils qualifiés tandis que les États-Unis ajustent leur rythme à marche forcée.
Trois grands points illustrent ce contexte :
- Relocalisation industrielle : facteur de résilience, mais risque de pertes d’efficacité
- Poids des déficits : frein durable pour la plupart des États
- Pressions commerciales : incertitude persistante sur les droits de douane
Jézabel Couppey-Soubeyran l’affirme : la fragmentation des chaînes de valeur n’a plus rien de théorique. Elle façonne désormais l’économie mondiale, rendant la croissance plus incertaine et exposant les États à des risques inédits.
Quels risques et opportunités pour l’année à venir selon les experts ?
Les spécialistes s’accordent sur un constat : la volatilité s’installe durablement sur les marchés financiers. Les investisseurs surveillent de près chaque déclaration des grandes banques centrales, notamment celle de la Fed. Une simple inflexion de discours provoque aussitôt des mouvements sur le dollar, les obligations, les actions. La hausse des taux complexifie l’accès au financement, coupe les marges, et accroît la pression sur les économies les plus vulnérables.
Les prix de l’énergie restent une source d’incertitude. Le Moyen-Orient demeure instable, la crise en Ukraine n’est pas résolue. Gaz et pétrole se négocient à des tarifs élevés, et la volatilité ne faiblit pas. Un choc d’offre, une nouvelle escalade géopolitique, et le spectre d’une nouvelle flambée des prix refait surface. Les matières premières et produits alimentaires suivent la tendance, avec des répercussions immédiates pour les pays les plus fragiles.
Risques majeurs identifiés
Voici les menaces principales repérées par les experts :
- Durcissement de la politique monétaire : obstacle potentiel à la croissance mondiale
- Nouvelle hausse brutale des prix de l’énergie ou de l’alimentation
- Instabilité durable liée aux tensions géopolitiques (Russie, Ukraine, Moyen-Orient)
Tout n’est pas sombre pour autant. L’accélération de la transition énergétique, en particulier en Europe, crée des opportunités inédites. Les chaînes d’approvisionnement se réorganisent, poussant à la diversification et à la montée en puissance des industries locales. Certains investisseurs voient dans la normalisation des taux un terrain plus propice à la recherche de rendement, à condition de jouer la prudence. L’incertitude règne, mais l’agilité et l’innovation deviennent les maîtres-mots pour tirer son épingle du jeu.
À l’approche de 2025, l’économie mondiale avance sur un fil, entre risques multiples et nouvelles marges de manœuvre. Ceux qui sauront lire entre les lignes et s’adapter rapidement pourraient bien changer la donne, là où d’autres regarderont passer l’orage.